« Sans cesse on prend le masque, et quittant la nature, on craint de se montrer sous sa propre figure » Nicolas Boileau Épîtres.
Quelle est l’une des premières choses que l’on ressent avant de photographier l’histoire de sa vie ?
Souvent, une certaine confusion, et même un certain accablement face à la masse de souvenirs et de choses à dire.
On se sent envahi dans notre tête et il nous semble qu’on n’arrivera jamais à mettre tout ça sur photo.
On a des souvenirs, des associations d’idées, des choses que l’on nous a dites, des informations que l’on a lues par ailleurs…
Tout cela forme comme une espèce de puzzle qui ne demande qu’a être rassemblé. Comment s’y prendre ?
Mon objectif : Retracer et dresser une ligne conductrice , une ligne de vie, la mienne ?
Article de Élodie Pakosz Journaliste
« Si ces mosaïques de clichés tressaient une œuvre littéraire, elles seraient des miscellanées…
Fragments d’émotions hybrides, évanescentes, acidulées. Compositions graphiques audacieuses et décomplexées.
Essentiellement réalisé en noir et blanc, avec quelques touches de couleur assourdies et délicates à la manière d’impressions posées sur un buvard, le travail photographique d’Emmanuel Verdin se plaît à brouiller les genres et les cartes. Avec une constante : l’impression de soulever le voile d’un boudoir intérieur où dominent la subtilité et l’élégance.
Comme dans la paréidolie d’un test de Rorschach, on y croise les pleins de bulles qui virevoltent à l’image des soubresauts de la vie. Les déliés de grilles et de filets qu’on entrelace comme de fugitives pensées. Et des pas qui saupoudrent un bitumes strié d’expériences contrastées. Ces pas qui avancent sans jamais trop se figer.
Dans ce kaléidoscope aux teintes surannées, les corps ondulent à la manière de racines et de lianes cherchant un chemin vers une virilité douce, une nouvelle sérénité.
Avec ça et là, les reflets de références malicieuses, comme les cônes qui chez Madonna ont tant symbolisé l’affirmation de soi par delà les codes et les schémas convenus et engoncés. Et si parfois sur ces photos, les yeux sont clos, les visages masqués, les anatomies, corsetées, ces paradoxes n’en soulignent que mieux une expression… Celle d’une libération peu à peu assumée. »